Dans la rubrique « Perspectives » (p.58-61) du magazine SPORTéco paru le 10 Juin 2025, je suis interviewé en tant que sociologue expert du trail running sur la question de l’évolution de la course à pied et du trail.
Dans cet article, je rejette l’idée que la course à pied soit une simple mode. Ce qui évolue, ce sont les formes de course : du jogging au marathon, du trail à l’ultra-trail. Pour moi, la course à pied est un fait social total qui reflète les transformations culturelles et sociétales depuis les années 70.
On note d’ailleurs que la course à pied qui peut être pratiquée n’importe quand par n’importe connait une surreprésentation des CSP+. L’absence de valeurs leur permettant de se penser sportif ou marathonien serait le facteur explicatif à la non-pratique des catégories sociales les plus modestes.
Avec l’entrée dans l’hypermodernité, la course s’imprègne des valeurs contemporaines : recherche de performance, dépassement de soi, visibilité et mise en scène de soi-même. Dans une société de consommation, on assiste alors au développement de l’ultra-endurance qui s’accélère ces dernières années.
En participant à un événement, le coureur cherche à intensifier sa vie en participant à une expérience hors-normes, à la recherche de la performance. La massification des événements (UTMB, Marathon de Paris, Diagonale des Fous) transforme chaque coureur en « héros ordinaire« , acteur d’une expérience spectaculaire et médiatisée.

D’autres courses incarnent une quête d’authenticité, un retour aux origines du trail loin de la marchandisation, mais les coureurs sont souvent pris dans des injonctions contradictoires, et oscillent entre rapport à soi, aux autres et à la nature. Il est important de donner la priorité à des événements de proximité qui sont le plus éco-responsables possibles.
Pour en savoir plus sur la sociologie du runner, je vous invite à lire plus en profondeur cet article.


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